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mardi 27 septembre 2011

Le 3-4-3 : véritable révolution tactique ou ersatz voué à l'échec ?


Cette rentrée footballistique a été le terreau à une évolution tactique qui mérite d’être soulignée. Dans un monde où le 4-3-3 et sa variante le 4-2-3-1 se sont imposés en maître, deux coachs ont tenté de sortir du lot : Gasperini et Guardiola. Pour le premier, ce n’est pas une révolution car il a toujours utilisé ce système notamment au Genoa. Pour le second, non plus d’ailleurs si l'on considère qu’il a  évolué dans ce schéma sous les ordres de Cruyff. Par contre, ces systèmes n’ont pas encore totalement apporté les résultats escomptés. Gasp’ s’est fait sweepper par Moratti après 5 matchs et la machine Barça ne caracole pas en tête de la Liga. Retour sur ce schéma pour tenter de le décrypter.



Le 3-4-3 n’est pas une tactique totalement nouvelle. En effet, on peut estimer que son aïeul est le WM de la première moitié du XXe siècle. L’origine de ce placement provient de la modification de la règle de hors-jeu en 1925. Désormais, si deux défenseurs (et non plus trois) se trouvent entre l'attaquant et la ligne de but adverse, l'attaquant ne se trouve pas hors jeu. Cette évolution du jeu a donc donné naissance au WM.
 
Ce nom WM provient des lettres que l'on peut lire si on trace une première ligne passant par tous les défenseurs (W) et une seconde traversant toute l'attaque (M). Ce schéma tactique s’est largement popularisé dans toutes les équipes britanniques jusqu’au début des fifties. Le 25 novembre 1953, l'équipe de Hongrie sonne le glas du WM en battant  pour la première fois l'Angleterre à Wembley avec une tactique en 4-2-4 (reprise derrière par de nombreuses équipes dont le Brésil).

La seconde heure de gloire du 3-4-3 est sous l’ère Johan Cruyff à Barcelone au tournant des années 80/90. L’entraineur utilise les préceptes du père du football total Rinus Michel pour former ce qu’on appellera la Dream Team blaugrana.

Les principes de Maître Cruyff réside dans l’occupation de l’espace. Il faut occuper toute la largeur du terrain en possession du ballon et obliger l'adversaire à défendre. Pour cela, le jeu du Barça s’appuie sur un jeu de passes courtes favorisé par le mouvement perpétuel des joueurs. Le système Cruyff se démarque également par la présence d’un milieu devant la défense capable de défendre mais surtout doté d’une grande qualité technique. Ce joueur s’appelle Josep Guardiola. Comme le WM, le 3-4-3 sauce Cruyff connait une fin brutale lors de la défaite de ses troupes face à l’impitoyable Milan de Capello (défait 4-0 à Athènes).

Bien que le système soit encore répandu en Amérique du Sud (on pense notamment aux compositions d’El Loco Bielsa), seules quelques équipes européennes osent l’utiliser depuis (Ajax notamment).

L’arrivée sur le banc de Gian Piero Gasperini de l’Inter et l’arrivée (le retour) de Cesc en Catalogne va donner un nouvel élan en Europe au 3-4-3. Revenons  d’abord sur le tacticien transalpin. Ce dernier est précédé d’une réputation assez flatteuse grâce à ses résultats avec le Genoa (régulièrement qualifié en Coupe d’Europe). Il arrive également avec une idée de jeu bien précise : ce sera le 3-4-3. Cette idée fait grincer des dents car beaucoup imaginent qu’il sera difficile de faire rentrer les joueurs dans ce système. D’autant que l’effectif nerrazzurro est vieillissant et pas vraiment fait pour jouer de cette manière. Dès le début, les résultats ne sont pas à la hauteur. On peut constater que le fond de jeu est plus au fond que jeu et la défense est un peu son parent pauvre. Les joueurs ne jouent pas ensemble et encore moins ne défendent ensemble. Lors du dernier match de l'ère Gasperini, le premier but de Novara en est le parfait exemple. Laissé à l'abandon par le milieu, l'arrière garde interista voit arriver lancer les attaquants adverses. Après 4 défaite et un nul, le calvaire est terminé et Gasp’ est débarqué de l’Inter. Ce dernier n’aura donc eu ni les moyens (c’est un choix par défaut) ni le temps (très peu soutenu par la direction) de mettre en place sa tactique.

Le cas du FC Barcelone prête plus sujet à discussion. Afin d’utiliser tous les milieux de talent qu’il a sa disposition (Cesc, Xavi, Thiago, Iniesta, Keita, Busquets, Mascherano), Pep évoque déjà l’idée lors de la pré-saison de passer de son module en 4-3-3 en 3-4-3 pour quelques rencontres. Du fait de nombreuses indisponibilités en défense, cette idée va voire jour plus vite que prévu. Lors de l’ouverture de la Liga, le philosophe Guardiola dispose son équipe dans ce schéma face à Villareal.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce changement est bénéfique. En effet, les blaugranas étrillent le Sous-marin Jaune (accessoirement 4e de la dernière liga) 5 buts à rien. Durant cette rencontre, on peut déceler les points forts de cette organisation. Le placement avec 4 milieux permet à Barcelone d’avoir toujours cette excellente maitrise du ballon. Les échanges se multiplient entre Iniesta, Xavi , Fabregas et Thiago. La présence de Pedro et Alexis Sanchez sur les flancs permet d’étirer le bloc adverse et aère le jeu barcelonais. Messi peut alors décrocher pour manipuler la gonfle ce qui permet aux milieux comme Thiago ou Cesc de s’engouffrer dans l’espace. Défensivement, la science du placement de Mascherano et Busquets allié à la puissance d’Abidal étouffe toute velléité adverse. De plus, ce placement tactique permet d’envoyer 6 joueurs au pressing pour asphyxier l’adversaire (Voir également l’analyse complète de ce match). Bref, ce système semble aussi huiler le traditionnel 4-3-3. C’est également dans cette configuration en 3-4-3 que le Barça a littéralement explosé Osasuna Pamplelune 8-0. Enfin, cette tactique fut aussi une très bonne réponse face au Milan AC. Après avoir rencontré beaucoup de difficultés symbolisées par l’ouverture du score précoce de Pato, le replacement dans l’axe d’Abidal a permis de contrôler la vitesse du brésilien. De l’autre côté, l’enchainement de passe a véritablement étouffé les rossoneri sauvés à la dernière minute par TS33. Rappelons toutefois que ce Milan arrive avec une infirmerie remplie et un physique de début de saison.
Par contre, le nouveau dispositif de Guardiola est grandement éprouvé lors du match à Valence. Le club entrainé par Unai Emery (à suivre dans la série de nouvelles têtes pensantes du football européens) exploitent parfaitement les failles du système. Jeremy Mathieu et Jordi Alba martyrisent le pauvre Mascherano à droite. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par un Dani Alves dépassé. En se projetant vite vers l’avant le club Ché tirent aussi profit des espaces existants entre la milieu et la défense. Le Barça ne doit son salut que par l’extraordinaire entente entre Messi et Cesc et le manque de réalisme des valencians (Soldado en tête). Le système reste une nouveauté pour le joueur du Barça, et un tel système nécessite une période d'adaptation relativement importante.  De plus, les gros scores enregistrés peuvent être flatteurs pour ce 3-4-3 : ils sont surtout dû à la formidable entente entre les joueurs offensifs (Messi, Fabregas and co se trouvent les yeux fermés) et leurs exceptionnelles qualités techniques. En outre, on peut gager que Pep ne fera pas ce genre d’expérimentations face au Real ou en demi de Champion’s League (les deux peuvent revenir au même). La match face à Valence et l’expérience intériste montrent clairement les limites défensives du système. Un pilonnage en règle des côtés peut vite amener l’équipe en sous nombre. Aussi, quand son effectif sera au complet (Piqué sera bientôt de retour et Puyol retrouve peu à peu la forme), Guardiola renouera surement le 4-3-3 qui apporte tant de succès au (mes que un) club).

Le 3-4-3 n’est pas un système nouveau mais relativement innovant à cette époque où le système à 4 défenseurs et généralement un milieu à 5 s’est assez popularisé. Cette recherche de l’innovation est à souligner. Cependant, peu de joueurs ont l’habitude de jouer dans ce système. Or, il nécessite beaucoup de travail de compensation défensive et de prises d’initiative offensive. Rares sont les joueurs qui ont un profil pouvant rentrer dans ce cadre. Et à l’heure actuelle, la parade semble assez aisée à trouver. Dès que le milieu est franchi, la défense à 3 se retrouve vite surexposée.  Mettre en place cette tactique nécessite un investissement certain au niveau du temps et des joueurs. Une poignée d’entraineurs en disposent désormais. Il nous faudra également plus de temps pour porter un jugement définitif cependant, dans l'état actuelle des choses, il n'apparait pas comme le plus viable.

4 commentaires:

Garego a dit…

Je pense que le système à 3 défenseurs est très efficace lorsque tu sais que ton adversaire va t'attendre pour te prendre en contre (genre quand l'EDF joue la Biélorussie par exemple). Cela permet d'accentuer le pressing sur la défense adverse et d'avoir plus de présence dans les 30 dernier mètres.
Maintenant, je ne pense pas qu'il soit possible de jouer exclusivement avec ce schema sur toute une saison. Le 343, doit être une solution contre un adversaire qui va refuser le jeu.
Maintenant pour le barça, vu qu'ils ont cette capacité à confisquer la balle, c'est une autre histoire.

Par contre, un débat qui pourrait être intéressant, c'est le fait que trop souvent, les équipent (surtout en ligue1) évoluent tjs dans le même schema. Pour moi une bonne équipe devrait avoir son schema de base, et être capable d'évoluer autrement en cas de rencontre face à un adversaire plus compliqué.

banlieusarddu99 a dit…

Je suis assez d'accord pour dire que le 343 peut être une solution ponctuelle notamment face aux équipes regroupées. Mais encore faut-il que ton équipe tourne !
Par ex. , je ne vois pas l'EdF si mal en point avec son jeu se mettre au 343.
Comme tu dis le Barça a une philosophie de jeu telle (et les joueurs qui vont avec) qu'ils peuvent se le permettre. Mais pas contre n'importe qui !
Ilfaut qu'il fasse attention Pep. Je suis sur que s'il continue comme ça il peut avoir de grosses déconvenues.
Mais sinon je te rejoins fortement sur les "photocopies" de L1. C'est stéréotypé.
Et pareil totalement d'accord, une grande équipe et un grand coach doivent avoir plusieurs modules.
D'ailleurs un pierre dans mon jardin contre Deschamps : l'OM ne joue qu'en 433

deemey a dit…

Globalement d'accord avec les conclusions de l'article.

Tout d'abord, je salue aussi l'innovation (enfin si c'en est une...).
Vu de ma fenetre, le 3-4-3 de Guardiola répond à 2 besoins.
- Le premier, d'ordre orgueilleux et mégalo, vise le rapprochement avec la fameuse dream team de Cruyff et le besoin de prouver qu'on peut encore s'amuser dans ce monde de bruts/putes (Vs. le méchant Mou et son 4-5-1 moche).
- Le second répond au besoin de caser Fabregas dans le 11 de départ, sachant que Xavi n'est pas encore bon pour la casse. On ne claque pas 40ME pour rien, surtout quand de nouveaux partenaires viennent mettre 150ME sur la table. Pour sortir du 4-3-3 précendent, il faudrait donc retirer un attaquant, ou un défenseur; le choix est vite vu.

Il est peut etre trop tot pour juger ce systeme, mais les problèmes lors de Barcelone-Valence étaient trop flagrants: les couloirs ont pris l'eau.
Et quand on sait que Puyol et Abidal prennent de l'age, que Mascherano/Busquets ne sont pas defenseurs de formation...il ne reste que Pique dans tout ça.
Jouer sans latéraux, alors que toutes les autres grosses teams ont des ailiers de dingue...

Bref, c'est sympa d'éclater Osasuna en 3-4-3, mais Pep aura-t-il les couilles de le mettre lors du classico? contre Man Utd en Champions league? Rien n'est moins sur...

Anonyme a dit…

Ok donc en fait vous êtes vraiment autistes sur ce blog ou vous utilisez ce terme à des fins métaphorique ? Parce que moi j aime le foot je pratique et je suis autiste, donc c'est un peu vexant...