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jeudi 8 septembre 2011

Didier Deschamps est-il surcôté ?



La question peut paraitre bien étrange tant le technicien français semble jouir d’une côte de popularité inébranlable auprès des spécialistes du foot et des supporters de l’OM. Cela est sans doute normal ou logique car DD est un peu le symbole de la France du Foot qui gagne. Il est capitaine en 93 et il revient et hop, l’OM est champion 18 ans après. Sa réputation se base essentiellement sur ces succès. Mais Deschamps ne connait pas que des triomphes et même certains de ces échecs sont (délibérément ou non) souvent omis. Le début de saison hésitant de l’Olympique de Marseille permet d’accréditer cette thèse.

Tout d’abord, faisons un rapide historique de la carrière de Deschamps.
En tant que joueur, c’est simple. Il a à peu près tout gagné. On peut ne pas être fan du joueur (comme moi) mais son armoire à trophées est bien garnie : C1,  Scudetti à la pelle en passant bien évidemment par la Coupe du Monde et l’Euro. A noter qu’il avait un rôle prépondérant dans ces 2 derniers titres puisqu’il était tout simplement le capitaine de l’équipe victorieuse. En tant que coach, son palmarès est plus qu’honorable en 10 ans de carrière. Il se signale notamment pour avoir ramené le titre sur le Canebière après 18 longues années. Mais en y regardant de plus près, on se rend compte que la quasi-totalité de ses titres ont été remportés avec l’OM. Avant, il n’avait remporté « qu’une » Coupe de la Ligue en 2003. Sinon, il a surtout récolté des places surtout honorifiques : finaliste en 2004 de la C1, vainqueur de la Série B, vice-champion de France 2004.
DD a apporté beaucoup à l’OM mais l’inverse est également vrai. Rappelons que le Bayonnais a connu un trou de 4 ans après sa période monégasque tout juste entrecoupé de l’intermède Juventus en Série B. Lorsque Pape Diouf vient le chercher, Deschamps, d’habitude si intransigeant, accepte d’ailleurs de faire quelques concessions preuve qu’il n’était plus vraiment dans la hype du temps.

Le technicien basque a quand même réussi son pari à savoir ramener le club sur le devant de la scène. En même temps, cela commençait à faire un certain temps que les pensionnaires du Vélodrome trustaient les premières places. L’année précédente, l’OM version Gerets terminait 2e derrière un impressionnant Bordeaux (11 victoires d’affilée !). Ce même OM était d’ailleurs sur la bonne voie en totalisant pas moins de 45 points lors de la phase retour.
En reprenant l’OM, Deschamps avait 2 choix : garder la ligne Gerets ou créer sa propre dynamique.
Il a choisi la seconde en modifiant assez profondément les troupes. Des joueurs, et non des moindres,  sont venus garnir l’effectif olympien ; ceux-là même ont été à la base des succès des ciels et blancs. Bref, les choix ont semble-t-il été les plus judicieux. Je mettrai 2 bémols à ça.
Le premier concerne le fond de jeu. Profitant du mistral estival qui a emporté Pape Diouf, DD a pu bénéficier des coudées franches pour opérer son mercato. Il a dépensé environ 50 millions d’euros. Avec une telle somme investie, le saut qualitatif doit être important. Mais c’est loin d’être le cas. Déjà, L’OM de Gerets produisait un jeu plus séduisant que l’OM de Deschamps. En fait, cette dernière avait à peu de choses près le même rendement offensif et défensif que précédente. Pourtant ayant Lucho comme plaque tournante à la place de Valbuena, ou alors, Diawara-M'bia au lieu de Civelli-Hilton, on peut s'attendre à de meilleures choses. Secundo, en 2009/10, l’OM n’a remporté qu’1 point de plus que l’année précédente. A vrai dire, sans l’écroulement de Bordeaux, Deschamps n’aurait probablement pas été champion.
Mon 2nd bémol est proprement sur les choix de Deschamps. Le club, sous l’impulsion du technicien, s’est séparé de Lorik Cana pour finir avec Doudou Cissé (rien que le nom fait trembler les offensifs adverses) comme sentinelle au milieu. Heinze a été recruté pour être le patron en défense central, il fini sur le côté gauche. M’Bia a certes fait une bonne deuxième partie de saison mais payer 12 millions d’€ pour un stoppeur,  n’est-ce pas un peu cher ? Sans compter que l’âge moyen de l’équipe a fortement augmenté, tout comme la masse salariale. Ce qui limite considérablement les éventuelles plus-values sur la revente et condamne l’OM à posséder des joueurs qui ne pourront que décliner au fil des saisons. Qu’ils soient bons ou mauvais, les choix de DD auront toutefois permis à l’OM de gagner ; comme le souligne d’ailleurs l’excellent article des cahiersdufootball.net : DESCHAMPS, DES CHOIX.

Champion de France. C’était bien là l’essentiel pour l'ensemble des supporters marseillais. Lors de sa 2e saison, les résultats sont déjà moins glorieux. Alors oui, l’OM termine 2e de la L1, gagne encore un trophée et accède pour la première fois de son histoire aux 1/8e de finale de C1. Il est alors difficile de parler de saison ratée. Mais à y regarder de plus près, le champion Lille n’est pas un si grand champion (« que » 76 points au compteur). En outre, le groupe de l’OM en C1 était loin d’être un groupe de la mort. De surcroit, les tirages de la Coupe de la Ligue étaient non seulement favorables mais en plus l’OM était tête de série (?!). Et surtout l’OM a produit tout au long de la saison un jeu pour le moins basique si ce n’est faiblard.
On touche là selon moi la principale limite de Deschamps : sa capacité à bien faire jouer son équipe. Même lorsqu’il fut champion, le club phocéen était loin de pratiquer un jeu léché. Pour 2 raisons : les joueurs de classe ne sont pas légions en L1 donc à fortiori à l’OM. Mais aussi et surtout DD aime se priver de joueurs de ballons. Prenons de suite un cas polémique : Ben Arfa. Alors certes, le joueur d’origine tunisienne avait un comportement qui flirtait ou dépassait la ligne jaune. Sur le plan sportif, ce n’est ni  le nouveau ZZ ni un joueur très régulier. Mais c’était l’un des seuls joueurs capables d’éliminer dans l’effectif olympien. Dans une moindre mesure (moins de talent intrinsèque), le cas Valbuena est l’illustration des choix stratégiques de DD. Le coach basque avait indiqué que Petit Velo n’avait pas le coffre pour jouer dans son système. La fin de saison 2009 a prouvé le contraire. On peut également prendre l’exemple Cheyrou souvent mis sur le banc par Kaboré, son alter géo mais en plus costaud et moins technique. Mais Deschamps aime le « Grand Black Costaud » : les recrutements de Diawara, M’Bia, Fanni et plus récemment N’Koulou et Diarra en atteste.  Bien que ces mecs soient de véritables  armoires à glace, leur niveau technique est pour le moins faible (Laurent Blanc Likes).
Autre point problématique sur Deschamps, ses choix lors des mercati. Lors de l’intersaison 2009, on l’a vu plus haut que DD avait fait des choix qui se sont avérés payant mais au prix de quelques ajustements notables, notamment le remplacement de M’bia en défense centrale et Heinze à gauche. On peut avoir une autre lecture. Celle qui indiquerait que Deschamps s’est trompé. M’Bia n’est pas une bonne sentinelle. Ces prestations à ce poste l’ont prouvé. Son avenir au très haut niveau se situe en défense centrale, si tenter qu’il adopte l’attitude idoine. On peut se demander si la place d’un joueur à l’égo 10 fois supérieur à celui d’Evra est à l’OM.  Pourtant c’était un choix prioritaire de Deschamps, qui a désormais du mal à le canaliser. Le cas de Gignac est encore plus frappant. Comment un technicien de cette trempe peut-il préférer Gignac (son choix) à Gameiro (choix d’Anigo) ? Comment croire que Gignac serait le fameux « grantatakant » de l’OM ? Certains argueront qu’APG n’est pas le choix prioritaire de Deschamps, qu’il n’a pas eu les mains libres ou suffisamment de moyens lors de cette période estivale etc. A ceux là, je répondrais simplement quand on investi plus de 80 millions d’euros en achat de joueurs en 2 ans, on ne peut être considéré comme brimer. On se doit d’avoir des résultats et de produire un jeu fichtrement plus séduisant que ce que l’OM nous propose depuis 2 ans désormais. Polo (After Foot) considérait que Deschamps est un entraineur archaïque. Comment lui donner tort quand on sait quels étaient ses priorités en termes de recrutement : Alou Diarra aka la sentinelle. Un joueur qui sait récupérer le ballon mais semble assez emmerder quand il l’a dans les pieds. Sa volonté d’un buteur de très haut niveau reflétait ses ambitions dans le jeu. Grosso modo, être bien en place et costaud en défense, et attendre l’exploit individuel de l’avant-centre. A l’heure où le Barça et la Furia sont devenus (à tord ou à raison) la référence du football moderne, le système D(D) semble une tentative de revenir vers de vieux fondamentaux.

Du fait de son historique, Didier Deschamps semble jouir d’un crédit illimité auprès de beaucoup supporters et journalistes sportifs. Pas ou peu de reproches lui ont été adressées malgré quelques errements. L’OM ne joue pas bien au foot ? L’essentiel, c’est les 3 points. L’OM ne gagne plus ? C’est parce qu’il n’a pas assez talent ? L’OM recrute mal ? C’est de la faute des dirigeants. Or, le technicien a une grande part de responsabilité dans l’OM d’aujourd’hui que cela soit dans le choix des joueurs que dans le projet de jeu.  Après avoir profité du bon travail de Gerets mais surtout Diouf, le club phocéen est désormais totalement sous la responsabilité sportive du Basque. Force est de constater que malgré tout l’argent investi, l’effectif olympien est loin d’être une machine de guerre et cela se ressent dans le jeu et les résultats. DD s’est déjà trompé et cela à plusieurs reprises. Loin de moi l’idée d’affirmer ou même de penser que ce coach est un tocard fini mais encore plus loin cette admiration sans borne qu’éprouvent beaucoup. Au-delà de ça, j’aimerais voir un autre OM qui tente, ose, provoque, se risque à des coups de folie. Malheureusement, je pense que l’OM version Deschamps est bien trop froid et calculateur. Mais c’est aussi comme cela qu’il acquiert ces résultats (mais est-ce toujours le cas ?) .

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