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lundi 28 novembre 2011

Shevchenko - l'avènement du Champion (2/3)

Shevchenko débarque à la Via Turati (centre administratif de l’AC Milan) à l’été 1999 auréolé d’une réputation flatteuse due notamment à ses performances lors de sa dernière campagne européenne. Il n’en faut pas moins pour que les supporteurs du club Diavolo voient en lui l’héritier de Marco Van Basten, rien que ça. De plus, le numéro 7 rossonero est la réponse à la venue l’année précédente d’un autre phénomène côté interiste, Ronaldo. Malgré cette pression, le buteur ukrainien va plus que soutenir ces comparaisons en devenant l’un des plus prolifiques scoreurs rossoneri de tout les temps et un attaquant européen de tout premier plan.


Un élément nous permet de cerner tout le professionnalisme du joueur ukrainien. Quand il débarque dans la capitale lombarde, Shevchenko a déjà pris le soin d'apprendre l'Italien afin de mieux communiquer avec ses nouveaux coéquipiers. "Cela fait aussi partie de mon boulot", estime-t-il. Andrey fait ses débuts en Série A le 28 août 1999 pour un match contre l'US Lecce. Et d’entrée, il marque. Désormais surnommé Sheva, le numéro 7 va marquer les esprits le 3 octobre 1999 lors du match sur le terrain Lazio (futur champion) par un triplé retentissant.
Grâce ses prestations en C1 et ses débuts réussis en Italie, Shevchenko termine 3e du Ballon d’Or derrière Rivaldo et Beckham. Doué, Andrey est aussi un joueur malin. La preuve, en  marquant 5 buts dans sa première année face au rival intériste, il se met définitivement les tifosi dans la poche.

Au final, Sheva termine meilleur buteur de la très réputée Série A pour première saison avec 24 pions. En réalisant cet exploit, il devient le premier étranger à remporter le titre de meilleur buteur de la Série A dès sa première saison depuis Michel Platini. Bref, cela vous place le bonhomme.
Sur le plan collectif, le Milan ne termine que 3e du championnat et se fait sortir en phase de poule en Ligue des Champions.

Pour le commun des joueurs, la saison de confirmation est la plus compliquée. Pas pour Shevchenko. En août, Sheva permet au Milan de se qualifier pour la phase de poule de la Ligue des champions en marquant 4 buts lors des victoires contre Dinamo Zagreb (3-1, 3-0) lors du tour préliminaire. À 24 ans, il a déjà inscrit la bagatelle 24 buts en Coupe d'Europe. Qui dit mieux ?
Au bout de la 15e journée, Sheva en est à 13 buts en Série A. Il profite d’ailleurs de ce match face à la Roma pour marquer son 50e et 51e but avec le Milan.

Au mois de décembre, il finit à nouveau 3e au Ballon d'or derrière Luis Figo et Zinedine Zidane. Il paie là le fait d’être issu d’une « petite nation footballistique » comme Giggs. Qu’importe pour Sheva, avec un doublé, il rentre dans l'histoire du derby milanais lors de la plus large victoire (6-0) des Milanais lors de la 30e journée. Il a déjà marqué 7 buts dans le derby de la Madonnina.
Au total, il termine la saison avec 34 buts en 51 matchs dont 24 goals en 34 matchs de championnat et 9 pions en 14 matchs de coupe d'Europe. Malgré tous ces efforts, le Milan termine à une décevante 6e place.

A la suite de cette saison pour le moins ratée, les dirigeants du club Diavolo décide de relancer la machine. Fini les  choix hasardeux sur le banc de touche, place à Carlo Ancelotti (même si à l’époque, il est considéré comme un looser. Triste époque).  Le Milan commence un profond renouvellement de son effectif. Dans un premier temps, c’est le magicien Rui Costa et le renard Inzaghi qui rejoignent les rangs Rossoneri. Avec le dernier cité, Sheva va d’ailleurs former l’une des plus dangereuses paires de killers en Europe. 

Et l’ukrainien continue à faire ce qu’il sait faire de mieux : scorer. Pas de n’importe quelle manière. Lors de la 14e journée, il marque un but d’anthologie. Après avoir éliminé 3 défenseurs de la Juve, il trompe Gigi Buffon d’une frappe d’un angle impossible. Regardez par vous-même :
Lors de cette saison, Sheva réussit à tromper la vigilance des gardiens adverses à 17 reprises en championnat et permet à Milan d’accrocher le tour qualificatif de la C1. Il en profite aussi pour marquer ses premiers buts dans la feu Coupe de l’UEFA.

Déjà handicapé par son genou gauche lors de la saison précédente, Shevchenko décide de le faire opérer en août 2002. Heureusement pour le MIlan, Galiani poursuit son travail remarquable sur le marché des transferts en décrochant les signatures de Nesta, Pirlo et Seedorf. Lors de cette saison, Andrey se fera surtout remarquer dans son jardin préféré : la coupe d’Europe.
Le ¼ de finale face à l’Ajax reste une confrontation mythique pour bons nombres de tifosi rossoneri. Après un score nul et vierge à l’Arena, le Milan va faire vivre un véritable thriller à ses supporters.
Sur un centre de Shevchenko, Inzaghi ouvre le score pour les Milanais. L'Ajax égalise à la 63e minute par Jari Litmanen. De suite, au tour d'Inzaghi de faire la passe pour Sheva qui redonne l’avantage au Milan (son 33e but européen). A 10 minutes de la fin, Steven Pienaar égalise et élimine pour le moment le club de Berlusconi. Et cela jusqu'à la 90e minute où Pippo Inzaghi fait vibrer San Siro par une action décisive (en vrai, c’est Tomasson pousse la gonfle au font des filets).
L’ennemi juré Interiste se présente face au Milan en ½. Là encore, le match aller se solde par un 0-0. Mais là encore, Sheva sera plus que décisif au retour. Il se signale en éliminant Cordoba d’un petit pont et en trompant Toldo pour le 1 à 0. Malgré l’égalisation de Martins à la 83e, le club Diavolo tient sa 9e finale de C1, la toute première pour Andrey.
Le Milan affrontera un autre de ses rivaux historiques en finale : le FC Juventus. Shevchenko frappe dès la 9e minute mais ce but est refusé de manière…  étrange (cela fait partie des quelques buts « officieux » de Sheva en Coupes d’Europe). Le match devient très fermé avec peu d'occasions. La différence se fera lors de la séance de tirs au but. Et c’est le numéro 7 milanais qui marque le pénalty décisif avant de tomber dans les bras de Dida, auteur de 3 arrêts. Milan remporte sa 6e coupe aux grades oreilles, la première pour Sheva. Il tient là une promesse qu’il avait fait à Lobanosky, son mentor.
L’AC Milan remporte également la Coupe d’Italie aux dépends de la Roma. Cette saison est le véritable début du Milan des Meravigliosi (merveilleux) qui va règner sur l’Europe et à un degré moindre l’Italie.


Shevchenko ne se repose pas sur ces lauriers et se met en action dès le mois d’août. Il inscrit le seul et unique but lors de la Supercoupe 2003 face au Porto de Mourinho. Il marque également ses 100e et 101e buts avec Milan lors de la victoire face au Chievo (2-0). A ce moment, ça lui fait 11 buts en 10 journées. Si en championnat, tout roule pour Shevchenko et sa bande, les Milanais vont subir une énorme déconvenue en Ligue des Champions. A la surprise générale et malgré une victoire 4-1 à l’aller, les Rouges et Noirs vont subir une lourde défaite (4-0) qui les sort du tableau final pourtant largement à leur portée (Porto, Monaco et Chelsea sont les autres demi-finalistes, ndlr). Cette désillusion ne va pas avoir trop d’incidence sur le championnat. Milan caracole en tête. Lors de la 32e journée, le Milan va décrocher le Scudetto en parvenant à se défaire de la Roma. Au bout d'une minute de jeu, Kaka effectue un superbe enchainement et sert Shevchenko score de la tête. C’est le 17e titre de champion d’Italie du Milan et le seul et unique titre de Sheva.
Lors de cette saison, Andrey réussit la performance de dépasser la légende rossonera, Marco Van Basten en marquant son 91e but en Serie A contre 90 pour le hollandais. Sheva termine à nouveau capocannoniere.


Comme à son habitude, Shevchenko  est fringuant dès l’été. Il flingue la Lazio avec un triplé (son 3e en Italie) lors de la Supercoupe. En décembre 2004, Shevchenko reçoit enfin la récompense individuelle qui lui sied : le Ballon d'Or. Il devient le 3e joueur ukrainien à remporter la distinction individuelle suprême après Oleg Blokhine et Igor Belanov.

Shevchenko va étrenner et justifier l’obtention de ce trophée lors du printemps européen. L’Inter se dresse à nouveau contre le Milan en ¼ de C1. A l’aller, Sheva inscrit le second but des Rossoneri (victoire 2-0). Au retour, il crucifie les maigres espoirs intéristes d’une superbe frappe du gauche. Milan se qualifie finalement sur tapis vert du fait de la bêtise de certains supporters nerrazuri (lancers de fumigène sur Dida).
Il sera également décisif en ½ face au PSV en ouvrant le score à San Siro pour le 1er match de la double confrontation (2-0 ; 1-3). Mais c’est en finale que Sheva va sans doute connaitre sa plus grosse désillusion à titre collectif mais aussi personnel. Pourtant, tout partait bien pour le Milan avec un score de 3-0 et une maitrise totale des évènements. Mais il aura fallu de 6 minutes (absence des milanais ou magie des scousers) pour retourner la situation pour les Reds. Cela vire à la science-fiction pour Sheva lorsque Dudek sauve les siens à la 118e minute par des reflexes incroyables sur deux de ses tentatives. Cela tourne véritablement au cauchemar quand le même Dudek repousse la tentative de Shevchenko lors de la séance de tirs aux buts. Le miracle d’Istanbul a bien lieu au dépend de Sheva et des siens.
Shevchenko termine tout de même la saison avec 26 buts en 40 matchs et le Milan finit 2e derrière l’intouchable Juve (au propre comme au figuré).

Malgré ces déceptions et malgré une volonté farouche d’Abramovitch de le faire signer, Shevchenko  va rester à Milanello et va à nouveau prouver que c’est un grand champion. En novembre, soit 5 mois après sa terrible désillusion, Sheva revient sur le terrain du Fener’ pour y mettre un quadruplé. Oui, 4 buts. Jamais un joueur n’a réalisé telle performance à l’extérieur en LdC. A cet instant, il en devient d’ailleurs le meilleur buteur des Coupes d’Europe avec 53 réalisations.
Lors de la 15e  journée de Série A, il rentre cette fois-ci  l'histoire du Derby de la Madonnina en marquant sur pénalty son 14e but. Il devient alors le meilleur buteur du derby milanais devant Giuseppe Meazza.

Enfin, Sheva termine son tour des panthéons dans celui de son club. A la 24e journée, il dépasse Rivera en marquant un doublé contre Treviso pour devenir le 2e meilleur buteur rossonero avec 165 buts, à 56 buts de l’intouchable Nordahl. Et comme à chaque fois et surtout comme un vrai fuoriclasse, Shevchenko va avoir une part prépondérante dans le parcours en C1 de l’AC Milan. En 1/8e finale, Sheva score à l’aller comme au retour malgré un Oliver Kahn frondeur. Face à Lyon, beaucoup de supporters français se souviennent d’Inzaghi brisant les rêves lyonnais. Trop peu se rappellent que c’est sur une frappe du Tsar que le ballon heurte les 2 poteaux et revient sur Super Pippo. Pour parachever son ouvrage, Andrey enterre toute tentative de rébellion lyonnaise par le 3e but dans la foulée. En demi, le Barça n’est pas une mince affaire pour le Milan. D’autant plus que les Blaugrana l’emportent 1-0 (but de Giuly sur une louche de Ronnie) à San Siro. Mais les Rossoneri ne s’en laissent pas compter. Milan a l’occasion de recoller au score par son numéro 7 mais l’arbitre refuse le but de manière totalement inexplicable (et inexpliquée).
Le Barça passe et ce but fait partie de ces buts « officieux » de Sheva en C1. Andrey finit meilleur buteur de la compet’. Il plante 28 pions dont 19 en Série A mais ne remporte aucun trophée cette saison. En effet, malgré ses 88 points, le club de Galiani finit 2e derrière la Juve. Mais une échéance importante attend Sheva : la coupe du monde. Le numéro 7 a réussi à faire qualifier son pays pour sa première compétition internationale.
Juste avant cette coupe du monde, Sheva déclare son envie de rejoindre l’Angleterre au plus grand désarroi des tifosi milanista. Nous reviendrons sur ce transfert lors de la dernière partie.

Anecdotes :
-          A l'inverse de ses équipiers et notamment de son grand ami Massimo Ambrosini qui vivent tous dans des zones résidentielles, Sheva s'est installé dans le centre de Milan, à deux pas des jardins publics, pour permettre "à ma mère d'aller faire ses courses à pied".
-          Andrey Shevchenko est le meilleur buteur du derby avec 14 réalisations en 19 matchs.
-          En Série A, Sheva a réussi 21 doublés et 3 triplés.
Les tifosi du Milan AC mettent en avant sa classe, toute sud-américaine, dans les chants à sa gloire: "il n'est pas brésilien, mais quels buts il marque !"

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